Des campagnes de marketing alternatives au Mois Sans Alcool débarquent en France, comme le « Damp January ». Elles encouragent une réduction de la consommation d’alcool pendant un mois sans s’arrêter complètement. Bonne idée ou coup de Trafalgar de la part des lobbys de l’alcool ?
Article mis à jour le mercredi 4 janvier à 12H41
Le succès du Mois Sans Alcool fait peur ?
Des milliers de personnes conscientes des risques liés à l’alcool prennent déjà part au « Mois Sans Alcool ». Bien entendu aussi au « Dry January » ou « défi de janvier » organisé par des associations de lutte contre les dépendances. Il s’agit d’un mois sans alcool qui permet d’évaluer sa relation avec la boisson. Cela dans le but de mesurer les effets bénéfiques de l’abstinence.
« C’est un concept ancien qui vise à prendre conscience de sa consommation et de l’impact des obligations sociales liées à l’alcool », explique à Libération (article payant) l’addictologue Romain Gomet, membre du conseil d’administration de la Fédération addictions. Cette initiative a vu le jour il y a dix ans au Royaume-Uni. Il gagne en popularité en France, notamment parmi les moins de 35 ans. Selon une étude Ifop, un tiers d’entre eux sont prêts à tenter l’expérience cette année. C’était moins de 10% il y a trois ans, ce qui inquiète les producteurs d’alcool sans doute.
Damp January / Dry January, ça ressemble, non ?
Des producteurs d’alcool ont tente de contrer chaque le mouvement « Dry January ».
Cette année, c’est le « Damp January » ou « janvier humide », présenté comme une alternative moins restrictive au « janvier sec », vous saissiez le jeu de mot ? Elle consiste à réduire sa consommation d’alcool sans être considéré comme un gâcheur de plaisir.
Les alcooliers sont-ils soudain préoccupés par la santé de leurs clients? Cette initiative du « Damp January » semble être une solution toute trouvée pour passer un mois sans alcool… tout en buvant de l’alcool.
Par exemple, la maison Cointreau a fièrement annoncé dans un communiqué qu’elle participait au « Damp January ». Cela avec « une nouvelle catégorie dite ‘alternative’ composée de nouvelles créations. Mais aussi de réinterprétations de cocktails iconiques avec un degré d’alcool inférieur aux versions originales ». Le communiqué présente le « Damp January » comme une solution « moins brutale pour le corps ». Un peu comme si tous les buveurs étaient des alcooliques qui nécessitaient un sevrage progressif.
Pas de restrictions dans le Damp January…
Depuis quelques jours fleurissent sur le web francophone des centaines d’articles sur le « Damp January ». Bien entendu, tous en faveur de ce dispositif.
On peut y lire : « pour éviter le sentiment de frustration, un autre défi a vu le jour : le Damp January. Il s’agit d’une version moins extrême du Dry January. En clair, il n’y a pas de restrictions, puisque c’est à vous de vous fixer vos propres limites. »
Selon Romain Gomet, addictologue, toujours dans Libération : « si cette initiative n’avait pas pour objectif de contrer le Dry January, elle serait intéressante. Mais là, il y a clairement un détournement du message de santé pour créer de la confusion et encourager la consommation ».
Une campagne de communication sans doute bien ficelée en somme et créant de la confusion auprès des bonnes volontés en ce mois de Janvier. De quoi rappelez que le chef de l’état Emmanuel Macron avait assuré aux syndicats viticoles que l’Etat ne soutiendrait pas le « mois sans alcool ». C’est dit !
Sources :
Enquête Ifop : https://www.ifop.com/publication/pres-d%E2%85%93-des-francais-envisagent-de-participer-au-mois-sans-alcool-en-janvier-2023/
Interview Romain Gomet (lien payant, soutenez-les, abonnez-vous) : https://www.liberation.fr/lifestyle/gastronomie/damp-january-derniere-parade-du-lobby-de-lalcool-20230103_H22PGVVMRBG3RJTF24QUDM6AWA/